L’ANSES (ex AFFSET) a été saisie le 24 mars 2009 par la Direction générale de la santé (DGS), la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), et la Direction générale du travail (DGT), afin de faire une évaluation des risques relatifs au talc contenant des fragments de clivage, ou des fibres asbestiformes et non asbestiformes.
La saisine fait suite à un signalement, fait par la SNCF à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) à la fin de l’année 2005, qui concerne l’utilisation d’un enduit époxydique pouvant contenir des fibres minérales suspectées d’être de l’amiante. La DGT indique que d‘autres signalements ont été effectués par au moins 3 directions départementales du travail (DTTEFP).
L’Agence endosse les conclusions et les recommandations du CES, adoptées lors de sa session du 26 janvier 2011.
Elle rappelle que le talc, contenant des fibres d’amiante, est considéré par le CIRC (2010) comme cancérogène avéré chez l’homme.
L’expertise n’a pas permis de se prononcer sur la cancérogénicité du talc contaminé par des fibres amphiboles (dont les fibres ATA) non asbestiformes, ou par des fragments de clivage provenant d’autres minéraux, en raison notamment du manque de données.
De plus, actuellement il n’existe pas de méthode fiable et reproductible pour différencier de façon simple les fibres non asbestiformes et les fragments de clivage, des fibres asbestiformes, quelle que soit la nature de l’échantillon étudié.
La connaissance de l’origine géologique des gisements de talc pourrait permettre de prédire la présence ou l’absence d’autres fibres minérales dans ces gisements, et de pouvoir les caractériser. Or, cette information n’est pas accessible pour nombre de gisements. De plus, il n’existe pas actuellement de prescriptions réglementaires qui prévoient l’obligation de tracer les origines des talcs commercialisés ou présents dans les produits mis sur le marché.
En conséquence, l’Agence recommande :
– D’établir une cartographie précise des différents gisements de talc dans le monde avec une identification des autres fibres minérales qu’ils sont susceptibles de contenir, et d’assurer la traçabilité des talcs, depuis leur extraction jusqu’à leur commercialisation en France.
– Qu’en l’absence de toute information fiable et validée sur l’origine des talcs, qui permette d’affirmer l’absence de contamination, de rechercher les particules allongées d’amphiboles ATA dans les talcs, ou dans les produits contenant du talc, commercialisés en France, qu’elles soient asbestiformes ou non asbestiformes, selon les méthodes réglementaires qui concernent la recherche d’amiante dans les matériaux.
– S’agissant des produits contenant du talc, commercialisés ou déjà en place, d’appliquer la réglementation sur l’amiante, en cas de mise en évidence de fibres d’amphiboles ATA.
– En milieu de travail, en cas de présence de fibres d’amphiboles ATA dans l’air inhalé par les travailleurs exposés au talc, ou aux produits en contenant, d’appliquer la réglementation sur l’amiante.
– De développer des méthodes analytiques et des études sur les effets sanitaires pour permettre à la fois de différencier les fibres asbestiformes des fibres non asbestiformes, et d’améliorer les connaissances sur les effets sanitaires des différentes fibres non asbestiformes.